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Exposés Art Nouveau
2 mai 2008

Wagner, Eglise steinhof

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OTTO_WAGNER

OTTO WAGNER

L’église Saint-Léopold am Steinhof

L’église de Steinhof (aussi appelée Saint-Léopold), fut construite par Otto WAGNER entre les années 1905-1907. Elle est une des plus célèbres églises « art nouveau » au monde.

  1. Historique

  1. Biographie

Otto Wagner est né le 13 juillet 1841 à Penzig (Vienne). Il est fils d’un notaire de la cour royale de Hongrie : Rudolf Simeon Wagner. Il est élevé jusqu’à sa neuvième année par des précepteurs de la cour et des gouvernantes françaises. Il devient ensuite élève au Lycée Académique de Vienne et du Séminaire du Couvent des Bénédictins de Kremsmünster. Il étudie tout d’abord à l’Institut Polytechnique de Vienne, puis à l’Académie d’Architecture de Berlin. Il termine ses études à l’Académie d’Art de Vienne.

Tous les édifices de ses débuts sont entièrement soumis aux principes créateurs de l’historicisme. Jusqu’au début des années 90, Wagner reste fidèle à ce style.

Puis Wagner prend ses distances par rapport à l’historicisme, de façon résolue. Selon lui, « les tendances progressives et transformatrices ainsi que l’utilisation de nouveaux motifs et matériaux » exigent au contraire « un nouveau style ». Ce style de l’avenir s’appellera le Nutz-Stil : le style utile.

Il construit plusieurs bâtiments dans le style art nouveau. Il s'intéresse à la gestion urbaine et en 1890, il conçoit un nouveau plan de la ville de Vienne, mais seul un réseau de rails urbains est construit : le Stadtbahn. Wagner est nommé conseiller artistique de la Commission d'aménagement du réseau de la circulation en 1894, ce qui lui permet de concevoir des gares et des viaducs. Il travaillera d’ailleurs avec, Josef Olbrich et Josef Hoffmann.

Il est l'auteur en 1896 d'un ouvrage, Architecture moderne, où il expose ses principes théoriques, avec en particulier, le refus de l'historicisme, et sa conviction que la beauté et la fonctionnalité vont de pair.

Il meurt à Vienne le 11 avril 1918. Il est enterré dans le tombeau familial construit par lui-même, au cimetière de Hietzing (quartier de Vienne).

  1. Edifices antérieurs

Parmi ses œuvres, on trouve entre autres, le réseau de trains régionaux et locaux de Vienne comme la Postsparkasse à Vienne (caisse d’épargne).

  • Le pavillon de la Stadtbahn de Karlsplatz :

Ce pavillon, réalisé par Wagner, fut achevé en 1901. Il se trouve à Vienne et est toujours en service.

  • La caisse d’épargne :

Il s’agit d’un immeuble de bureau, construit entre 1904 et 1906. Il se trouve également à Vienne et est toujours en service.

  1. Contexte social

Entre 1892 et 1906, se développe un courant de l’art nouveau qui a eu court en Autriche, et plus particulièrement à Vienne : Il s’agit de la Sécession viennoise.

La Sécession est, à ses débuts, principalement picturale. Elle a été officiellement fondée à Vienne en 1897, dans le cadre de l’association des artistes plasticiens d’Autriche qui avait pour but de :

  • Réunir les forces créatrices du pays

  • Instaurer des contacts avec les artistes étrangers

  • Prôner un échange international des idées

  • Lutter contre l’élan nationaliste des pays européens

  • Renouveler les arts appliqués

  • Créer un art total

  • Opposer une nouvelle expression artistique véritable à l’art défraichi des salons officiel viennois.

En quelques mots : sortir des règles fixées par l'enseignement académique et présenter de nouvelles formes artistiques (les sécessionnistes souhaitent seulement faire évoluer leur art tout en préservant leur héritage.). Afin d’atteindre leur but, ils créeront leur propre espace d’exposition, le Palais de la Sécession.

La voix du mouvement se fera grâce à plusieurs revues comme die Jugend (La Jeunesse), qui prône les nouvelles idées sur l'architecture, le dessin et la décoration ou encore la revue la plus représentative et l’organe officiel de la Sécession viennoise : Ver Sacrum

Les sécessionnistes regroupent des artistes comme : Wagner, deux de ses anciens étudiants, Josef Olbrich et Josef Hoffmann, ainsi que Gustav Klimt, Koloman Moser et bien d’autres.

  1. La construction de l’édifice

Peu de projets sont effectués dans le cadre d’un concours. Wagner publie la plupart du temps, sans le moindre contrat.

Il en va différemment pour l’église de Steinhof, où Otto Wagner présentera un projet lors du concours de 1902. Il s’agit d’un concours pour un hôpital psychiatrique. Il y recevra le 1er prix, mais il ne sera l’architecte que pour la construction de l’église.

Une maquette est présentée par lui même en 1903, lors de la 23ème exposition au palais de la Sécession viennoise.

Cette église est réalisée pour et en collaboration avec les maisons de santé et d’établissement de soin de la Basse-Autriche.

Le chantier débute en juin 1905. Wagner sera également assisté par deux autres architectes : Otto Schönthal (Villa Vocjcsik, Vienne) et Marcel Kammerer (Grand Hôtel Wiesler à Graz, Autriche).

De nombreux grands artistes sont intervenus :

  • Koloman Moser, pour les vitraux et les mosaïques

  • Othmar Schimkowitz, pour les statues d’anges

  • Richard Luksch, pour les sculptures de St Léopold et St Severin

Les travaux s’achèveront en 1907 : Deux ans seulement pour atteindre un tel degré de monumentalité. L’église sera inaugurée le 8 octobre 1907.

  1. Histoire de l’œuvre après construction

L’église fut fermée au public pendant des décennies. Elle ne servait qu’au personnel de l’asile, ses pensionnaires et leurs familles.

Il aura fallu attendre 1981 pour que l’hôpital accepte de l’ouvrir au public, et encore une vingtaine d’année avant que la ville ne concède à débloquer 11,8 millions d’euros pour sa rénovation entre 2000 et 2006.

Aujourd’hui elle est toujours en service mais n’est ouverte qu’un jour par semaine. Elle est utilisée dans le cadre des mariages ainsi que des baptêmes.

  1. Description

  1. Situation

L’église Saint Léopold am Steinhof se situe dans le XIXème arrondissement de la ville de Vienne, au sommet d’une colline à plus de 300 mètres d’altitude.

Elle est construite au milieu du complexe de l’hôpital pavillonnaire, qui s’étend sur une surface de 100 hectares. Visible de loin dans le panorama urbain, l’église se dresse au milieu d’un bois, dans un espace peu accessible. En effet, pour l’atteindre il faut emprunter un chemin long et pénible.

A la différence des églises normales, elle s’étend sur un axe Nord- Sud. L’entrée s’effectuant coté Sud.

  1. Composition d’ensemble

C’est une église en forme de croix grecque, coiffée d’un dôme recouvert de feuilles de cuivre doré ainsi que d’une croix d’or.

Le portique de l’entrée est monumentale, au dessus de lui se dresse quatre figures d’anges. La façade d’entrée présente aussi à son sommet, deux immenses tours, chacune surmontée d’une statue de saint.

  1. Matériel de construction

  • Le gros œuvre :

Une dalle de béton armé est utilisée, entre autres, entre la charpente extérieure et l’enveloppe intérieure. Elle sert à supporter les treuils servant à monter et descendre les lustres.

Utilisation de structures métalliques. En effet la coupole est maintenue par une couronne métallique qui s’oppose à la poussée latérale. Elle rend donc superflue la construction des habituels contreforts.

La couverture de la coupole est en tôles de cuivre pliées et dorées à l’origine.

La façade de l’édifice est revêtue d’un placage en marbre de Carrare, de 2cm d’épaisseur.

  • Le second œuvre :

Le sol est couvert d’un carrelage blanc et noir.

Présence de nombreux éléments métalliques, comme les boulons à tête de cuivre et d’aluminium (qui sont laissés apparents) et les rivets dorés.

Le bronze est également utilisé. Tout d’abord pour les statues d’anges réalisées par Schimkowitz, puis dans un second temps pour celles des saints Léopold ( saint patron de Vienne et de la Basse-Autriche) et Séverin (saint protecteur de Linz), réalisées par Luksch.

On trouve aussi des mosaïques. La principale, d’après des dessins de Remius Geyling, est exécutée par Léopold Forster en 1913. Celles derrières les autels latéraux, ont été réalisées par Rudolf Jettmar.

Présence enfin des vitraux, sur les façades avant et latérales. Elles sont l’œuvre quant à elles de Moser.

Utilisation du rabitz : plaque à enduit sur treillis métallique.

  1. Elévation

La façade est réalisée en pierre apparentes sur deux mètres, ainsi que par placage de marbre et boulons à tête de cuivre.

Le porche d’entrée s’ouvre sur trois portes qui sont séparées les unes des autres par quatre colonnes. Ces portes sont respectivement réservées : à gauche pour les femmes, à droites pour les hommes et celle du centre pour les malades. Ce sont des portes doubles.

Au dessus des colonnes, s’élèvent sur les chapiteaux, les quatre statues d’anges de Schimkowitz.

Derrière elles, se trouvent un énorme vitrail, portant le thème du  « Dieu trônant » (appelé La Chute).

Au dessus, et tout autour de l’édifice, une frise dorée alternée de croix et de couronnes se promène.

Cette dernière est surmontée de deux tours carrées, sur lesquelles apparaissent les deux statues des saints patrons de l’Autriche.

Quant à la coupole, elle est en tuile dorées.

  1. Distribution intérieure

L’église est composée d’une nef unique.

Elle peut accueillir 800 fidèles, dont 400 places assises.

L'intérieur de l'église a été conçu pour être particulièrement lumineux et adapté au milieu hospitalier.

Les couleurs dominantes sont le blanc et l’or, ce qui accentue l’effet de luminosité. Le plafond d’un blanc éclatant, est quadrillé de lignes dorées (cela manifeste d’un goût pour l’Orient.). La coupole présente aussi un décor courbe de plaque de rabitz, mettant en scène les 4 évangélistes. (Matthieu l’homme, Marc le lion, Luc le bœuf, et l’aigle pour Jean.)

La luminosité est également amenée grâce aux vitraux. De chaque cotés, ils représentent tous les deux, une scène composée de sept saints. Elles illuminent par le coté, ce qui permet aux fidèles de voir le chœur et de ne pas être éblouis, grâce à l’utilisation des tons bleus et violets (qui empêchent la lumière trop vive de pénétrer.).

Tous ces aspects tendent à renforcer la monumentalité observée à l’extérieur du bâtiment (même si cependant, à l’intérieur, la coupole est rabaissée, ce qui donne l’effet inverse). Il en va de même pour la mosaïque complexe et vivement colorée de Forster. Elle se situe derrière l’autel, ce qui le met incontournablement en valeur. Elle présente la scène de réception des âmes au ciel. (On retrouve parmi les saints présents, sainte Dymphna, patronne des maladies mentales.). Quant au maître autel, il est couvert d’un baldaquin doré, en cuivre. Il est décoré (sous les arcades qui en font le tour) de têtes d’anges. En dessous se trouve tout le mobilier liturgique. L’œil était obligatoirement captivé et dirigé vers ce maître autel où l’impact de couleur est le plus grand.

Certains apports ont été amenés par Wagner, dû au fait qu’elle était réservée aux handicapés mentaux. C’est donc une œuvre de nécessité.

  • On notera d’abord un déniveler de 30 cm, de l’autel à l’entrée, pour une bonne visibilité et une meilleure acoustique : un écho de 6 secondes (également dû au matériel de revêtement. On remarquera, à cet effet, la présence d’un orgue au dessus de l’entrée.)

  • Le secteur du prêtre est entièrement séparé des patients. L’accès à la chair se fait uniquement par la sacristie.

  • Afin d'éliminer tous les risques de contamination, l'eau des bénitiers s'écoule en permanence.

  • La largeur entre les bancs est suffisamment grande, afin de permettre aux surveillants d’intervenir rapidement.

  • Ces bancs sont eux-mêmes sculptés d’une forme arrondie, afin que les pensionnaires ne se blessent pas.

  • Les salles de part et d’autres de l’autel central sont aménagées en toilette, ainsi qu’en salle de soins d’urgence.

  1. Notes de synthèse

  1. Place de l’œuvre dans la carrière de l’architecte

Nous pouvons donc affirmer au terme de cette étude qu’Otto Wagner réalise la transition parfaite entre l’historisme et la modernité.

Selon lui : « Toutes les créations modernes doivent correspondre aux nouveaux matériaux et aux exigences de notre temps si elles veulent être adaptées à l’humanité moderne. Elles doivent mettre en relief notre propre nature, qui est une nature idéale, meilleure, démocratique, confiante. ».

L’église est l’œuvre d’un esprit moderne, qui allie les principes pratiques (liés au contexte de l’hôpital psychiatrique, il pense au bien être des fidèles.) à ceux d’économie (en relation avec le matériel utilisé : plaques de marbres qui recouvrent une simple construction.)

De plus, ses projets ayant été souvent refusés, (car jugés incompréhensibles ou pas assez proche de la tendance) Wagner réalise ici avec brio, un des plus grands chefs d’œuvre autrichien de l’art nouveau, tant par le bâtiment, que par son concept.

  1. Place de l’édifice dans l’histoire de l’architecture

L’église am Steinhof, est donc classée parmi les dix églises les plus importantes de l’histoire de l’architecture du XXème siècle.

Elle s’incère remarquablement dans la continuité de la tradition des grands édifices religieux comme l’église Saint-Marc de Venise, ou la basilique Sainte-Sophie de Constantinople.

Wagner qui avait déjà construit la synagogue de Budapest et la chapelle Saint- Jean de Vienne, et dessiné les plans de deux autres églises, ne réussit qu’avec Steinhof à définir la place de la modernité dans l’architecture du sacrée.

Aujourd'hui l'église am Steinhof a sa place dans la liste des endroits et monuments "à ne surtout pas manquer" par les touristes à la découverte de la capitale autrichienne.

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